Ce que l’Armée américaine nous apprend sur les objectifs

Dans un précédent article du guide de l’efficacité personnelle simplifiée, le premier point que je mettais en avant était de connaître et garder sous les yeux vos objectifs. Je détaille ici un peu plus ce point et vous propose un outil complémentaire, l’intention de commandement, issu de l’expérience de l’Armée américaine.

Ce que l’Armée américaine nous apprend sur les objectifs

Une des marottes du Colonel Tom Kolditz, professeur en leadership à l’Académie militaire de West Point, aux US, est :

Aucun plan ne survit au contact de l’ennemi

Il complète son propos par :

Vous pouvez certes essayer d’appliquer votre plan, mais l’ennemi a son mot à dire. Des choses imprévues peuvent se produire.

Quel est le rapport entre ce blog et les considérations d’un colonel de l’Armée américaine ?

Ceci …

Imaginez que votre plan soit les étapes et les tâches que vous avez définies pour atteindre un objectif. Ou bien qu’il s’agisse de l’organisation de votre journée : emploi du temps, tâches à accomplir, …

Imaginez maintenant que l’ennemi en question soit tous les imprévus d’une journée, les distractions qui jalonnent votre parcours, les incidents, les intervenants externes, …

Vous le voyez mieux, le rapport ?

Ainsi réfléchie et rationnelle que soient vos organisation et planification, un rien peut tout chambouler. Et simplement retarder vos prévisions, voire annuler vos projets.

Alors peut-être que quelques plans survivent au contact de l’ennemi. Mais la plupart sont susceptibles d’être perturbés par l’ennemi. Et beaucoup le sont.

Que cet ennemi soit un collègue de bureau, un ami, votre enfant, une panne informatique, un embouteillage, …

Nous avons tous connu cela.

OK …

Qu’est-ce que le Colonel Tom Kolditz ou l’Armée américaine ont à nous apprendre de plus à ce sujet ?

L’intention de commandement

Pour pallier à ce problème, depuis plusieurs années, l’Armée américaine utilise l’intention de commandement.

Qu’est-ce donc que cela ?

De façon très formelle, voici, à peu prés, ce que dit le manuel US :

Un établissement clair et concis de ce que (Quoi?) les troupes doivent faire afin de réussir (la mission), en rapport de l’ennemi, du terrain, et du but final. Il est le lien entre la mission et le concept des opérations, en établissant les tâches clés lesquelles, suivant la mission, sont les bases pour les subordonnés afin qu’ils exercent leur initiative lorsque des opportunités non-anticipées apparaissent, ou lorsque le concept des opérations original ne peut plus s’appliquer (par rapport à la situation).

Concrètement, tout commandement fournit 2 choses :

  • tout d’abord un plan de ce que la troupe doit faire ;
  • ensuite l’intention de commandement derrière ce plan.

Le plan indique le comment. L’intention de commandement explique le quoi et le pourquoi. Le plan est long et détaillé. L’intention de commandent est courte et simple.

Par exemple : “L’intention est de positionner le 3° bataillon sur la colline 4305 pour la libérer et protéger le flanc de la 3° brigade lorsqu’elle enfoncera les lignes”. Je ne met pas le plan, il est bien trop long 🙂

Quels sont les bénéfices d’une telle pratique ?

  • Les troupes ont une vue d’ensemble des opérations et comprennent le but de ce qu’elles vont faire ;
  • Les troupes sont capables d’improviser selon les circonstances.

Ou, en d’autres termes, responsabilisation et autonomie. En termes d’implication et d’efficacité, cela fait la différence.

Et si cette pratique perdure dans l’Armée américaine, c’est qu’elle a fait ses preuves !

Bien …

De l’importance de la définition d’un objectif

Cependant, à bien y réfléchir, cela n’a rien de nouveau. En effet, cela se rapproche fortement de la définition claire d’un objectif. Tout simplement. Qu’il s’agisse de l’objectif d’un but majeur dans un domaine de vie, d’un projet ou d’un sous-projet, ou même d’une bête tâche.

Certes.

Cela étant, ça met en exergue l’importance de la définition d’un objectif.

Pour chacun de vos projets et chacune de vos actions, demandez-vous pourquoi fais-je cela ?

Puis affinez votre réponse en vous demandant de nouveau pourquoi. Il est généralement recommandé de faire cela 5 fois de suite. Je ne sais pas si 5 est le nombre juste. Mais 2 est un minimum.

Cela vous permettra de faire ressortir ce que vous voulez obtenir et pourquoi vous voulez l’obtenir.

Bien sur, plus le projet sera important et impactant, plus il sera judicieux d’agir ainsi et plus la réponse sera importante. Une simple tâche demandera bien moins, voire pas, d’attention. Mais un minimum peut être intéressant.

L’intention de commandement d’un projet

Commencez toujours par définir clairement l’objectif d’un projet. Écrivez votre propre intention de commandement.

Détaillez ensuite le plan, les étapes et la planification après.

Pourquoi procéder comme cela ?

  1. Tout d’abord, plan et planification seront plus simples et faciles à établir en connaissant l’objectif.
  2. Ensuite, vous pourrez faire une plus juste sélection des étapes et tâches nécessaires, ainsi qu’une plus allocation de vos ressources (temps, énergie, volonté, voire ressources humaines et financières). Vous pourrez ainsi utiliser bien plus efficacement ce bel outil qu’est la loi de Pareto.
  3. Enfin, durant l’action, en connaissant votre intention de commandent, en la gardant pas trop loin, vous pourrez improviser : faire face aux imprévus ou exploiter les opportunités.
  4. De plus, si vous déléguez certaines tâches ou pans entiers de vos projets, cela vous fournira un élément supplémentaire à fournir à vos prestataires. Ils seront plus impliqués et autonomes.

L’intention de commandement d’une tâche

Normalement, dans le cadre d’un projet, vous ne devriez pas avoir à trop vous attarder là-dessus. En effet, vous avez déjà fait cela au niveau du projet et de l’étape. Vous avez donc vos réponses pour la tâche.

De plus, en cas d’imprévu, c’est elle qui fera les frais de votre improvisation pour répondre au mieux à l’intention de commandement.

Par contre, pour les tâches récurrentes, qu’il s’agisse de tâches du quotidien ou de tâches de fond d’une organisation, le gain potentiel que vous pourriez faire mérite que vous vous posiez la question.

Imaginez que vous puissiez supprimer complètement une tâche, ou la réduire de moitié, uniquement en cherchant la réponse à cette question. Voila bien des ressources économisées que vous pourriez investir ailleurs.

Conclusion

Si l’Armée américaine diffuse, clairement et simplement, l’objectif de ces missions, sous la forme d’une intention de commandement, c’est que le bénéfice est important. Bien sur, si vous travaillez seul, vous n’avez pas que faire des aspects synchronisation et communication.

Mais en termes de focus, d’optimisation, d’autonomie et d’improvisation, l’intention de commandement apporte un vrai plus. Adoptez cette pratique :

  • en vous fixant des objectifs clairs pour vos projets et étapes de projets ;
  • en vous intéressant aux tâches récurrentes.

24 Commentaires

  1. Je ne connaissais pas le nom de cette technique, mais j’en suis plus ou moins partisane. Dans mon cas je n’aime pas faire les choses sans savoir pourquoi je dois les faire. Dans le cas du travail en entreprise, le fait de faire quelque chose sans savoir pourquoi je le fais me donne l’impression d’être un robot. Et au bout d’un moment ça devient rébarbatif, c’est tellement plus intéressant de savoir les raisons qui nous amènent à faire une action/un travail…

    A bientôt

  2. Salut Gregory,

    qu’ils sont malins ces américains ! Au delà de la plaisanterie, je trouve que ce concept est novateur et convient très bien à un environnement directif comme l’armée.

    Dans une organisation plus participative, l’intention de commandement serait à mon avis moins descendante et les membres de l’organisation auraient tendance à s’approprier le sens des tâches qu’ils effectuent.

    Qu’en penses-tu ?

    Julien

  3. Voir son activité comme une guerre à mener c’est se préparer à toutes les alternatives possibles et la meilleure façon d’y faire face. Par contre si l’armée américaine était un référenceur il carburerait au black hat 😉

  4. Je suis assez d’accord avec @marine. C’est tellement plus motivant et gratifiant de savoir pourquoi on fait quelque chose que de simplement le faire sans poser de questions. Après cela peut être mal vu mais nous ne sommes pas (encore) des robots donc questionnons-nous et questionnons les autres.

  5. Bonjour
    Petite rectification : il s’agit de l’intention du commandant (commander’s intent).
    Globalement, le commander’s intent définit l’état final recherché (end state).
    le plan décrit tout ce qui a été prévu pour atteindre cet end state.

  6. Hello,

    Trop fort c’est sûr si ça marche avec l’armée américaine, c’est trop le top. Vas y continue comme ça…

  7. @marine: Il s’agit surtout du nom utilisée par l’Armée américaine. Après, tu appelles ça comme tu veux 🙂

    L’important est surtout de mettre en avant l’importance d’une telle pratique.

    @Julien: Hello 🙂

    Le fait que l’Armée utilise cela indique qu’il sont peut être moins directifs que ce qu’on imagine. Après tout …

    Le but est vraiment de comprendre le pourquoi de la mission, du projet, de la tâche. Moins pour se l’approprier que pour être autonome et impliqué. Enfin, si par “se l’approprier” tu entends “la faire à sa sauce”.

    Concrètement, cette pratique colle très bien avec mon précédent boulot : ingénieur sécurité informatique. On avait de “bonnes pratiques” purement techniques. Mais on pouvait improviser pour coller aux concepts et mises en œuvres de la sécurité, quelque soit l’environnement (matériel, système, logiciel, ..)

    Je ne m’appropriais la mission, mais je pouvais l’appliquer au plus juste, en gardant autonomie et prise de décision, afin de coller à l’objectif de la mission.

    @Adam: Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il faut voir son activité comme une guerre à mener … Disons qu’ont peut apprendre de secteur assez inattendu.

    Quant au référenceur black hat, ça n’engage que toi 🙂

  8. @Céline: Oui, je n’ai pas réagi en ce sens à son commentaire. Mais je suis assez d’accord avec elle. Et donc toi 🙂

    Comprendre le pourquoi du comment de ce que je fais a toujours été source de motivation et d’implication pour moi.

    @Jérôme: Hello !

    Oulah ! Il y a un expert dans les commentateurs 🙂

    Tu as effectivement raison, la traduction exacte est bien ” l’intention du commandant”. Mais je suis aussi tombé sur “intention de commandement”. Qui n’est donc qu’une mauvaise traduction ou une interprétation. Et j’ai préféré “intention de commandement”. Je trouve qu’elle correspond mieux à nos environnements civils 🙂

    Cela étant, je ne pense pas que cela change grand chose 🙂

    Merci pour la correction.

    @Jean-Claude: Hello !

    Pourquoi ne pas s’intéresser à certaines de leurs méthodes ?…

  9. C’est vrai que rien ne se passe jamais à 100% comme ce qui était prévu. Il est donc important de définir les grands lignes et d’être assez flexible pour rebondir quand un changement intervient sans pour autant changer radicalement le cap. La flexibilité est définitivement un principe vraiment essentiel 🙂

  10. Bonjour,
    Rapport impressionnant!
    Le fait de répondre à la question pourquoi montre bien qu’on est en train de réfléchir à chaque pas. Cela mène vraiment à accomplir chaque tâche avec excellence. Et je pense qu’avoir conscience de ce qu’on est en train de faire va diminuer considérablement le temps d’exécution.

  11. Bonsoir Grégory,

    C’est un très bel article ! Ça rejoint un peu les concepts du Leadership. Lorsque on envisage une action, il y a toujours le pourquoi du comment. Dans quel but ? Quels sont les plans ? Quelles actions ? Comment atteindre les objectifs ?

    Merci pour ce partage et bonne soirée !

  12. très bel article ! Et excellent analogie avcec l’armée américaine ! Effectivement l’intention de commandement est bien plus pratique car c’est une communication courte qui définit l’objectif et permet toute anticipation menant inéxorablement vers l’atteinte de cet objectif.

  13. Bonjour Gregory,

    c’est un concept complètement nouvelle pour moi.

    Je comprends mieux maintenant pourquoi les armées américaines sortent le plus souvent victorieuses des batailles qu’elles mènent.

    Donc je compte m’en inspirer pour gagner certaines des batailles que je mène pour vivre la vie que je souhaite.

    Amicalement,
    Samuel

  14. En tant qu’ancien militaire je ne peux pas réellement approuver ça, ça n’est rien d’autre que de la stimulation de rage, ça n’est pas une stratégie applicable autre pars qu’en lieu de conflit!

  15. Dans la théorie je suis bien d’accord, mais la mise en pratique reste obscure pour moi : il faut établir un plan sur comment gérer les imprévus, c’est bien cela? Mais si l’imprévu est une mauvaise excuse, un manque de volonté, le plan sera automatiquement saboté, non? =)

  16. Je trouve cette technique très proche de l’état d’esprit américain. En fait, cette technique est selon moi, très efficace sur le champ de bataille (et les américains ont déjà prouvé leur efficacité sur ce terrain-là) mais dans la vie, je suis plus sceptique.

  17. C’est très intéressant de comprendre comment faire de la gestion de projet car en effet il y a souvent un fossé entre les intentions de faire et ce qui est accomplit.

  18. Il est clair que bien définir les actions à mettre en oeuvre pour atteindre son objectif est primordial. Je me fait parfois un planning de plus d’un moi de mon travail. Bien sûr il y a quelques aménagements au fil du temps, mais je m’y tiens. Je travail seul et cela me permet de m’encadrer en quelque sorte. Mais pas de problème de communication ou de synchronisation 🙂

  19. Bonjour,
    article inspirant qui me permettra certainement d’améliorer mes réalisations et celles de mes collaborateurs en étant plus clair sur la définition de la tâche et de l’objectif…
    Merci,
    Noé Facq

  20. Salut,

    L’intention de commandement (comme l’appelle les Américains) est l’épine dorsale de tout projet. Comme le dit si bien le commandant, aucun plan ne résiste à l’ennemi. Mais par contre, l’intention de commandement lui peut résister aux vents et marrées.

    C’est en fait très simple à comprendre.
    Une fois qu’on a défini où l’on veut se rendre, tout devient clair dans notre tête et on peut maintenant s’y rendre par mille chemins. L’important est d’arriver au lieu défini quelque soit le chemin emprunté.

    Mais il existe maintenant des techniques simples pour morceler et planifier quotidiennement les actions devant concourir à l’atteinte d’un objectif.

    Amicalement,
    Xavier

  21. @Dimitri: Définir clairement ton objectif, appelé ainsi l’intention de commandement, permet justement cette flexibilité. Un mot qui convient bien et qui complète bien cemui d’autonomie.

    @tina: Disons que cela te permettra aussi d’être sur de faire le pas qui va bien, c’est à dire dans la bonne direction !

    @Maryam: Hello !

    Oui, ça rejoint complètement le leadership. Autant le leadership d’équipe que le leadership personnel. Bien vue !

    Bonne soirée à toi aussi 🙂

    @Paul: Merci 🙂

    C’est plus qu’une analogie avec l’armée américaine : ils font comme ça ! Disons que je fais un parallèle entre eux et notre quotidien, nos objectifs, …

  22. @samuel: Hello !

    Je ne sais si cela explique toutes leurs victoires. Mais cela doit y contribuer. Et je ne te souhaite pas moins de nombreuses victoires !

    @Mzabil: Avez-vous lu mon article ?

    Je ne parle de faire la guerre ou d’utiliser des techniques violentes ou guerrières. Je parle d’utiliser une technique de commandement, venant de l’armée, pour réussir son quotidien et atteindre ses objectifs.

    @Mikie: Non, non.

    Tu fais juste ton plan habituel. Par contre, tu indiques clairement le but visé par ce plan afin de pouvoir faire face efficacement à chaque imprévu.

    Après, si l’imprévu vient de toi, c’est un autre sujet 🙂

    @Nathalie: Essaie. TU m’en diras des nouvelles !

    En général (pas celui de l’armée), je ne parle que de ce que j’ai essayé et apprécié. Là, c’est le cas.

  23. @Vanessa: L’intention de commandement te permet justement d’éclaircir tes intentions.

    @Claudia: Plus d’un mois de planning ?… Impressionnant 🙂 Je n’en fais pas si tant ! Être seul peut aider. Mais il faut alors aussi savoir entretenir sa motivation.

    Félicitations !

    Des conseils à partager ?

    @Noé: Hello !

    Ravi que tu puisses voir une utilité immédiate à cet article. N’hésite pas à faire un retour !

    @Xavier: Hello !

    Je n’aurais pas mieux écrit 🙂 Merci pour le lien, cela aidera les lecteurs.

  24. Et si on ne parlait que d’intention ? En tant qu’enseignante, je me retrouve tout le temps sur un champ de bataille, dans le sens où les cours les mieux préparés ne résistent pas à l’épreuve de la réalité : on se heurte à des besoins que l’on n’avait pas prévu, des situations disciplinaires à gérer, des “drames” humains à écouter, des questions qu’on n’avaient pas vues venir… Et si l’on n’a pas spécifié une intention pour le cours (ou plus globalement pour la compétence à acquérir), on panique très vite et on devient un enseignant otage de la discipline, pris en étau entre le programme et la réalité… Avoir une intention, c’est vital à tous les niveaux.
    Même en cuisine, quand on attend des invités et que les plombs ont sauté : que fait-on ? on se lamente, on annule ou on trouve une solution originale propre à sauver notre intention (épater un patron ou les beaux-parents ou juste passer du bon temps avec des amis par exemple… La solution sera différente selon son intention).
    C’est comme ça que je comprends le concept en tout cas !

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